En laissant fleurir le doute sur la rationalité de son récit, dans la tradition qui va de Poe à Stephen King, Niko Tackian rend aussi hommage à Melville et à D.H. Lawrence. L'éditeur bordelais L'Arbre Vengeur vient de republier l'étonnante nouvelle "L'Homme qui aimait les îles" de Lawrence dans laquelle le narrateur épuise sa quête d'idéal et cède au triomphe d'une nuit hivernale.
On devine que Yohan, le héros de Niko Tackian risque un épilogue aussi peu enviable à son réveil sur cette île pourtant paradisiaque. Il s'y retrouve par la grâce d'un pacte. Quelques milliers d'euros et une pilule à avaler, c'est le tarif et le modus operandi d'une organisation qui promet une renaissance aux gens désireux de disparaître sans laisser de traces.
Yohan s'étonne assez rapidement de ce paysage de western où les maisons abandonnées refusent de livrer leur secret. Le paradis se transforme peu à peu en société fermée surveillée par des drones. En compagnie d'une égarée qui partage son sort, il va tenter de s'échapper, mais le retour au monde n'est pas dans le contrat. Un brillant exercice de style sur la mémoire, la faute et l'expiation.
Respire – Niko Tackian – Calmann-Lévy – 306 pages – 18,90€ - ***
Lionel Germain
Lionel Germain
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