On est en décembre 2015. Alors que Noël approche, le Haut-Arctique va subir des turbulences géopolitiques. Le roman poursuit l'aventure des personnages découverts dans "Le Cimetière de la mer", les tribulations de la famille Falk, entre tensions aux frontières de la Norvège et de la Russie, espionnage et agents infiltrés. Les paysages sont peut-être somptueux mais la guerre qu'on y livre est vraiment froide, et à travers le monde du sauvetage en mer, le journaliste Aslak Nore révèle quelques dégâts collatéraux des conflits modernes.
Les héritiers de l'Arctique – Aslak Nore – Traduit du norvégien par Loup-Maelle Besançon – Le Bruit du Monde – 480 pages – 25€ - *** Lionel Germain
Adaptée du roman éponyme de Viet Tanh Nguyen (prix Pulitzer de la fiction en 2016), "The Sympathizer" emprunte le genre de la série d’espionnage. Ou comment, après la chute de Saigon en 1975, "Le Capitaine", fils d’un Français et d’une Vietnamienne (et dont on ne saura jamais le vrai nom), agent vietnamien infiltré au sein des services secrets sud-vietnamiens, mais aussi agent double pour la CIA, se voit imposer une mission spéciale. Celle d’espionner son "Général", en exil avec sa famille aux Etats-Unis, ainsi que la communauté des réfugiés sud-vietnamiens.
Écartelé entre la séduction de la vie américaine et le mal du pays, personnage double du fait de ses origines et de ses rôles, "Le Capitaine" (Hoa Xuande)sera le révélateur de la manière dont le colonisé perpétue, malgré ses idéaux, la culture du colonisateur. Face à lui, ou avec lui, Claude, l’agent traitant de la CIA, trouve son incarnation dans Robert Downey Jr, extraordinaire dans sa quadruple performance d’acteur. Sous les traits de différents personnages, il se métamorphose d’une scène à l’autre.
Exercice de style post-colonial, satirique, sombre et parfois jubilatoire, "The Sympathizer" met en relief toutes les facettes de l’hégémonie américaine: la violence de son soft-power, et le conflit principal mis en scène, celui qui divise les Vietnamiens.
Dans une citation initiale, Park Chan-wook nous livre la note d’intention sous-jacente de son récit: "Toutes les guerres sont combattues deux fois. La première fois sur le champ de bataille, la deuxième fois dans les mémoires".
The Sympathizer (7 épisodes)– Max - **** Créée par Park Chan-wook (Decision to leave, Old Boy, Mademoiselle)et Don McKellar (Blindness) Réalisée par Park Chan-wook (3 épisodes), Fernando Meirelles (La Cité de Dieu) et Marc Munden(Utopia) Avec : Hoa Xuande, Robert Downey Jr, Sandra Oh (Killing Eve, Grey’s Anatomy) Alain Barnoud
En racontant le crime commis le lundi de Pentecôte 1974, c'est l'affaire Ranucci que Patricia Delahaie remet en scène. Journaliste, avocate, parents de la petite victime et mère du coupable, les noms sont changés mais cette liberté du roman permet de mieux appréhender la vision des protagonistes.
Le pédocriminel risquait la peine de mort et l'échafaud apporte une conclusion provisoire à l'affaire. Provisoire parce que les opinions changent, la haine après l'exécution s'est portée sur les parents, et le débat s'est évidemment rouvert avec Gilles Perrault, sa remise en question de l'enquête dans "Le Pull-over rouge". Patricia Delahaie, elle, préfère convoquer les pensées secrètes de l'assassin, son trouble, et cet "ogre" qui le tourmente. La peine capitale sera finalement abolie en 1981.
Un lundi de Pentecôte - Patricia Delahaie – Belfond – 368 pages – 19,90€ - *** – Lionel Germain