Il
faut lire l'article qu'elle publia en septembre 2003 dans Haaretz, le grand
journal israélien, pour comprendre qui était Batya Gour. Cette romancière d'origine
ashkénaze est morte en mai 2005 et la série noire publie le dernier épisode
qu'elle consacra au commissaire Ohayon, un flic sépharade. Dans l'article de
2003, elle prenait le point de vue d'un vieil arabe palestinien contrôlé
abusivement par trois jeunes soldates pleines de mépris. C'est ce point de vue
de l'opprimé qui caractérise toute son œuvre et cette ultime enquête où la mort
soudain rôde dans les couloirs de la première chaîne de télévision publique
israélienne. Magouille des intégristes religieux, crise sociale, racisme, comme
dans Meurtre sur la route de Bethléem, réédité en folio, les petits fils des
pionniers généreux découvrent soudain que leur nation a un cadavre dans le
placard, que ce cadavre s'appelle la Palestine, et qu'il bouge encore.
Meurtre en direct - Batya Gour - Série noire Gallimard - 426 pages - 22€
Meurtre sur la route de Bethléem - Batya Gour - Folio policier - 465 pages - 7,50€
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – avril 2006