Ciel enchanté

Le Triomphe de la Religion est une des premières toiles d’Eugène Delacroix. Elle a été réalisée en 1821 et se trouve désormais derrière l’autel de la cathédrale d’Ajaccio. Pour son premier roman, Isabelle Chaumard invite son héroïne, journaliste à Corsica Hebdo, à enquêter sur l’hypothèse d’un faux. Sur l’Île de Beauté, la liberté de la presse se heurte parfois à des intérêts assez éloignés de l’histoire de l’art. Avec son héroïne courageuse et sympathique, trop peut-être, l’auteure témoigne d’une belle passion pour les rivages méditerranéens.

Belles sanguinaires – Isabelle Chaumard – Le Mot et le Reste – 192 pages – 17€ - **

Lionel Germain

Vu du Nord

La fuite supposée des nazis en Antarctique ou sur la face cachée de la Lune est un lieu commun des théories du complot. Ce roman de SF qui joue avec les codes et relève de la comédie et de la satire a été écrit dans les marges d’"Iron Sky" un film finnois joyeusement iconoclaste sorti chez nous en DVD qui blaguait l’infinie bêtise humaine. L’occasion de visiter un nouveau domaine de l’imaginaire nordique.

Le Reich de la Lune - Johanna Sinisalo - Traduit du finnois par Anne Colin du Terrail - Actes sud - 384 pages - 23€ - ***

François Rahier – Sud-Ouest-dimanche – 13 mai 2018

Drogue story

Alan Glynn rouvre le dossier exploré dans "Champs de ténèbres", le roman dont on a tiré la série "Limitless". Basée sur les pouvoirs d'une drogue qui décuple l'intelligence, l'intrigue de ce dernier livre croise aussi les implications de la CIA dans un projet sulfureux des années cinquante avec les embrouilles du lobby du tabac. Fumeux mais passionnant.

L'Expérience – Alan Glynn – Traduit de l'anglais par Fabrice Pointeau – Sonatine – 336 pages – 21€ - ***

Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 26 janvier 2020



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Service décommandé

Amateur de baffes amicales, le héros de Christophe Guillaumot est un flic Kanak dont on a pu croiser la tendresse rugueuse dans les couloirs du SRPJ de Toulouse. À la Brigade des jeux, il essaie de défendre la mémoire d'un équipier compromis ou victime d'une machination. L'occasion d'aborder le problème trop récurrent du suicide des flics.

Que tombe le silence – Christophe Guillaumot – Liana Levi – 304 pages – 19€ - ***

Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 12 janvier 2020



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Transhumance

Contrairement à la légende, l'enfer est bien pavé de pulsions détestables. Dans cette vallée perdue du nord de l'Angleterre, bousculée par les vents maussades, les assauts de la grêle et le froid qui semble habiller de nuit les fermes, la transhumance est le moment où le diable est invité à la fête. Entre le murmure des ruisseaux et la plainte des brebis, ce beau roman raconte l'histoire d'un homme qui renoue avec sa terre natale, avec une famille dont les secrets méritent l'enfer. 

Le Jour du diable – Andrew Michael Hurley – Traduit de l'anglais par Santiago Artozqui – Denoël – 336 pages – 22,90€ - ***

Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 26 janvier 2020



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Amour, impasse et manque

Elle s'appelle Laurence. Et même si on est certain que tout finira par se réduire aux quatre lignes d'un fait divers, Sophie Loubière construit son intrigue pour endiguer l'effroi qui nous saisit et le ramener à la source, là où se cristallisent les interprétations parfois morbides de l'enfant. Chahutée cruellement par son frère, abusée semble-t-il par son père, ignorée par sa mère, Laurence devenue obèse cherche une première rédemption dans le sport avant de trouver un emploi de croupière au casino. 

Sa rencontre avec un médecin victime de ses propres addictions va décider d'un destin où proie et chasseur ne sont pas forcément assignés aux places traditionnelles. "En exploitant ce fait divers, j'ai souhaité interroger la fragilisation mentale que peut engendrer l'isolement d'un individu, qu'il soit le fait d'un manque de lien parental, scolaire, social, ou d'une absence de communication au sein d'un couple." 

On peut parler de "thriller" psychologique puisque le suspense autour du personnage principal verrouille notre attention sans jamais fournir de réponse à sa complexité mais c'est surtout l'un des romans les plus troublants de cette rentrée littéraire. En majeure partie grâce au style élégant et juste de l'auteure, à son talent enfin pour brouiller toutes les pistes sur lesquelles le lecteur se sera fourvoyé.

Cinq cartes brûlées - Sophie Loubière – Fleuve noir – 352 pages – 17,90€ - **** 

Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 12 janvier 2020



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Passion de famille

Dans ce petit coin de Floride, la maison de la famille Fielding a gardé les traces de ses esclaves et s'est transformée en centre de rééducation pour garçons difficiles. Lori Roy excelle dans le récit des ruptures familiales. Entre garçons fugueurs et filles disparues, le venin du passé diffuse une peur tenace.

Sous les eaux noires – Lori Roy – Traduit de l’américain par Valérie Bourgeois – Le Masque – 320 pages – 21,50€ - ***

Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 19 janvier 2020



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Guerre logicielle

Comme Pinocchio avec Jiminy Cricket, le héros de cette histoire est flanqué d’une marionnette qui lui parle et le guide. Sauf que dans ce monde "post apo" où l’humanité est en guerre avec les "IA", la marionnette est l’avatar d’un logiciel de combat ultra-sophistiqué installé en lui, un supplément d’âme en quelque sorte. Avec l’avènement du cyberpunk, dans les années 80, la SF est passée du "space opera" aux abîmes de la psyché.

Station: la chute - Al Robertson - Traduit de l’anglais par Florence Dolisi -  Denoël - 466 pages - 23€ - ***

François Rahier – Sud-Ouest-dimanche – 11 février 2018

Fuck the Fac

Il a tout fait, scénariste, fondateur de l'Ecole de journalisme de Bordeaux et romancier, comme ici dans ce court et magistral exercice de style qui vaut tous les pamphlets sur le monde universitaire. Simon, jeune agrégé, se voit charger d'administrer le legs d'un professeur émérite d'histoire de l'art. Et c'est une cascade d'événements burlesques qui dévoilent le délabrement de l'Education nationale dès 2006. Réjouissant.

Comme l'est, en 2011, la suite de ses aventures dans "Légers arrangements avec la vérité". On retrouve la fac enlisée dans la misère et les marécages bureaucratiques d'une banlieue parisienne aussi attrayante que la périphérie de Tchernobyl. Pierre Christin y fait l'inventaire des ruines de la culture académique française en nous racontant la "scénarisation du réel" dans les nouvelles démocraties de l'est de l'Europe.

En 2019, c'est d'une pièce radiophonique qu'a surgi ce roman publié sous pseudonyme par deux autrices françaises. L'histoire d'une doctorante en sociologie qui découvre son directeur de thèse mort dans son bureau. Très vite l'hypothèse du suicide est balayée par la jeune universitaire. Dans les documents du professeur, des clés USB prouvent qu'il était en train de préparer une action politique d'envergure.

Petits crimes contre les humanités - Pierre Christin  - Métailié - 246 pages - 10 euros  - ***
Légers arrangements avec la vérité – Pierre Christin – Métailié – 185 pages – 10 euros - ***
L'apocalypse est notre chance – Ava Fortel – Rivages – 321 pages – 21€ - ***
Lionel Germain

Chambre froide

Dans un décor très "Sud-ouest" où les chais côtoient le "château" lézardé, les viticulteurs tentent de survivre en proposant des chambres d'hôte. Mais c'est dans la chambre froide qu'on découvre le cadavre d'une jeune femme et c'est sous la canicule que le gendarme Dambérailh mène une enquête "marabout-de-ficelle". La couleur locale ne manque pas de charme.

L'année du gel – Agathe Portail – Calmann-Lévy – 390 pages – 20,50€ - **

Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 19 janvier 2020



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D'une vie à l'autre

Il y a des histoires qui vous hantent que vous soyez ou non écrivain. Que se passe-t-il quand on apprend qu'on a été enlevé à ses parents pour une adoption? C'est à la réponse à cette question que se résume le Mystère de Sammy Went. Christian White s'en est délivré dans un premier roman qui lui était aussi nécessaire que profitable à ses lecteurs.

Le Mystère Sammy Went – Christian White – Traduit de l'anglais par Pierre Ménard – Denoël – 417 pages – 21,90€ - ***

Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 19 janvier 2020

Réédition poche, novembre 2020: Folio policier Gallimard – 400 pages – 8,50€ 

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La fabrique du cauchemar

Ceux qui pensent que le cinéma condamne la littérature au silence, pourront se persuader du contraire en lisant le premier roman d'un auteur américain qui avouait en 2016 avoir cessé d'espérer une carrière de scénariste médiocre pour se consacrer à l'écriture. Pari réussi en 2018 avec la publication de "I Am the River".

Dans une salle d'attente improbable, Israël Broussard, un narrateur paranoïaque redoute moins le regard des autres que celui qui accompagne son brouillard intérieur où fulminent les ombres de la jungle vietnamienne. Le récit alterne les moments de confession forcée devant des "psychiatres" de l'US Army et les remontées de visions apocalyptiques dans son refuge de la Cité flottante de Bangkok où depuis la fin de la guerre, il vit reclus. 

Ce qui intéresse ses confesseurs, c'est la nature de l'escouade à laquelle il appartenait et qu'on a retrouvée au Laos en violation du droit international. En nous révélant les objectifs de cette "fabrique du cauchemar", opération illégale baptisée Algernon, T.E Grau réanime l'enfer de Coppola. "Une fascination pour l'abomination, comme Conrad en avait parlé." Ce roman magnifique est une ode au malheur inéluctable auquel l'humanité rend les honneurs entre deux hécatombes. "Le Fleuve n'écoute jamais, car il n'a pas d'oreilles, mais sa gueule est toujours béante."

Je suis le fleuve – T.E. Grau – Traduit de l'américain par Nicolas Richard  - Sonatine – 288 pages – 20€ - ****

Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 5 janvier 2020



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Connected People

"Le notaire lui avait expliqué que la transition avait été créée pour remédier à l'augmentation exponentielle de cas tels que celui de Karl, une génération ayant profité de conditions d'enseignement sans précédent et de décennies de paix mondiale, et qui semblait néanmoins bien décidée à s'autodétruire par la délinquance, l'abus d'alcool et l'incapacité de s'assumer financièrement. Une génération qui ne votait pas, qui avait abandonné toute velléité d'être utile à la communauté et qui le reprochait à la terre entière sans jamais s'interroger sur ses propres manquements."

La Transition – Luke Kennard – Traduit de l'anglais par Marie de Prémonville – Anne Carrière – 300 pages – 22€ - ***



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Au carrefour des imaginaires

Quel est l’impact du fantastique et de la SF sur les musiques actuelles, les musiques contemporaines et la musique de film? Comment la musique, avec ses moyens spécifiques, parvient-elle à produire ce sentiment d’étrangeté ou d’effroi que suscite le genre? Actes du colloque tenu à Rouen et Bordeaux en 2015, bien illustrés d’exemples.

Le fantastique dans les musiques des XXe et XXIe siècles - sous la direction de Cécile Carayol, Pierre Albert Castanet et Pascal Pistone – préface d'Hervé Lacombe – Postface de François Rahier -  Delatour France - 390 pages - 29€ - ***

François Rahier – Sud-Ouest-dimanche – 20 mai 2018

Chambre 413-Polar Express

Chambre 413 – Joseph Knox – Traduit de l'anglais par Fabienne Gondrand – Le Masque – 384 pages – 21,50€ - ***

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Marquise occise

C'est un nom de plume comme on dit. Camille Laborie qui nous plonge dans le Bordeaux du 18ème avec un sens du détail très convaincant, a repris depuis sa liberté d'auteure en redevenant Martine Lafon-Baillou. 

Dans cette affaire du Chapeau-Rouge, on est en 1788 et la bonne société bordelaise se retrouve chez le marquis et la marquise de Boisvertheuil pour un agréable diver-tissement. La marquise assassinée dans sa chambre, le roman historique vire au polar à l'ancienne avec l'enquête de Timothée Montcléra, détective séducteur. Sa propre identité est une énigme et l'intrigue nous permet de côtoyer les prélats célèbres et le souvenir de Marie Brizard dont la liqueur est toujours sur les étagères des cavistes.

L'affaire du chapeau rouge – Camille Laborie – SOMystère éditions Sud-Ouest – 200 pages – 17€ - **

Lionel Germain

Noir catalogue

L'Afrique du Sud est décidément un bon terrain de jeu pour les auteurs de polar. Corruption, violence contre les femmes, trafic d'influence, marchandage de fillettes… . De la préparation d'un coup d'état en Centrafrique aux menaces contre le propre président sud-africain, tous les registres du genre sont cochés par Mike Nicol. Avec talent.

L'Agence – Mike Nicol – Traduit de l'anglais par Jean Esch – Série noire Gallimard - 556 pages – 19€ - ***

Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 12 janvier 2020



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A l'ombre des aulnes

Une variation sur le Roi des Aulnes que Jérôme Loubry réinscrit dans une inquiétude contemporaine. La guerre Franco-allemande, la dernière dont sont nés les enfants de "la honte", est le repère d'un conte cruel sur l'absence, la mort d'un enfant. Les refuges sont ces lieux immatériels où la conscience se replie pour échapper à un traumatisme. Le lecteur s'y égare avec un plaisir trouble.

Les refuges – Jérôme Loubry – Calmann-Lévy – 396 pages – 19,90€ - ***

Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 12 janvier 2020



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Des histoires de France

Conjuguant avec bonheur le réel et la fiction, Henri Loevenbruck prête une vie trépidante à une galerie de personnages au cœur de l'une des périodes fondatrices de notre histoire, la Révolution de 1789.

Mademoiselle Terwagne, liégeoise et fille de laboureur à réussi à "s'extraire de sa condition". Cherchant sa place dans le mouvement de révolte, elle rencontre Gabriel, autre Liégeois venu s'exercer au métier de journaliste à Paris. Parallèlement à son enquête sur des meurtres commis par un mystérieux justicier accompagné d'un loup, le jeune homme participe au grand tourbillon populaire dont Henri Loevenbruck nous transmet la fièvre. 

Fièvre de la foule en marche sur la Bastille, terreur des derniers gardes-suisses bientôt massacrés par les Parisiens, l'évocation se charge de tous les parfums contraires. "La rue Saint-Éloi – dans laquelle se cachait l'impasse Saint-Martial – ressemblait à une cour des Miracles ; ses ombres grouillaient de figures louches, de buveurs avinés, de fillettes et de faux mendiants, elles sentaient l'urine et le rhum."

À travers un roman dont on nous annonce qu'il est le premier d'une longue série, le livre d'Histoire devient le livre des histoires passionnantes de la France révolutionnaire. Franc-maçonnerie, querelles politiques, jeux de pouvoir, rien ne manque à ce saisissant portrait des principales figures du siècle. 

Le Loup des Cordeliers – Henri Loevenbruck – XO – 560 pages – 21,90€ - ***

Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 29 décembre 2019



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Soeur, ô ma soeur!

Obscur, déraisonnable et porté par un souffle puissant, le récit de José Donoso que Lui Buñuel qualifiait de "maître de l’irrationa-lité prodigieuse" est une ode à la sensualité gothique. Cette exploration d'un couvent de sorcières dans la province chilienne est aussi un grand moment de littérature.

L’Obscène oiseau de la nuit – José Donoso – Traduit de l’espagnol par Didier Coste – Belfond Vintage – 640 pages – 18€ - *** 

Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 5 janvier 2020

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Au bord du chemin

De facture classique, ce planet opera évoque le passage, sur une lointaine colonie humaine, d’antiques voyageurs stellaires qui y ont laissé des traces. Patiemment, des archéologues du futur travaillent à les mettre à jour, mais libèrent en même temps une puissance inconnue, le Dévoreur de réalité. Le récit bascule alors dans la métaphysique. Avec ce deuxième tome de sa trilogie "QuanTika", l’auteure suisse prend place parmi les grands créateurs d’univers.

L’Ouvreur des chemins - Laurence Suhner - Folio SF - 553 pages – 9,30€ - ***

François Rahier – Sud-Ouest-dimanche – 11 février 2018

La loterie-Polar Express

La Loterie et autres contes noirs – Shirley Jackson – Traduit de l'américain par Fabienne Duvigneau, postface de Miles Hyman  – Rivages – 250 pages – 16€ - **** 



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Fille du silence

Quand un patron de la Crim' est réveillé par un coup de fil d'une collègue en train de mourir dans un hall d'immeuble, on redoute les violons de la solidarité policière. Ce qui fait d'Elsa Roch, une autrice à part, c'est l'authenticité poétique et respectueuse qu'elle accorde à cette enfant cachée de la jeune flic, petite fille surgie du silence. Un instant de grâce.

Le baiser de l'ogre – Elsa Roch – Calmann-Lévy noir – 312 pages – 18,50€ - **

Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 29 décembre 2019



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Éducateur de rue

"Tramson possédait un prénom, Jacques. Prénom que dès son plus jeune âge, il avait pris en grippe pour lui préférer des patronymes aux consonances plus brèves: Luc, Marc, Paul. Il avait réussi à imposer son nom de famille comme un code, jusqu'à son mariage avec cette abrutie de Ghislaine qui lui servait des Jâââââcques longs comme le bras. De cette liaison éclair, lui restait une gamine de 10 ans, Céline qu'il vénérait et dont son ex-femme avait la garde."

Tramson est le personnage principal de ces trois romans écrits entre 1987 et 2006. Éducateur de rue après avoir été chauffeur de stars, l'homme navigue de façon incertaine entre flics et voyous. Dans un Barbès apocalyptique, Black, Beurs, camés, dealers, loosers mènent un bal d'enfer à la périphérie de l'opulence et génèrent une société autarcique avec ses lois et ses bannis. Abdullah rend la justice dans un vieil hôtel déglingué de Pigalle, on parie sur les chiens qui s'entretuent dans un cimetière reconverti. 

Mais comme le dit Villard, si "globalement, la vie est dégueulasse, certaines minutes valent quand même la peine d'être vécues."  A inscrire au patrimoine du polar national.

Barbès Trilogie – Marc Villard – Série noire Gallimard – 374 pages – 20€ - *** 

Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 15 décembre 2019



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Croisière ultime

Où il est question d'une étrange embarcation destinée à sauver l'espérance de vie sur une Terre menacée par la montée des eaux. Michel Bussi avait signé ce roman d'aventures Tobby Rolland pour ne pas désorienter son lectorat. Sans doute aussi, le livre avait-il échappé au plus grand nombre. C'est un festival d'érudition doublé d'un thriller passionnant autour de la légende de Noé, du mystère de la licorne et des petits bergers kurdes protecteurs d'un secret millénaire. 

Tout ce qui est sur Terre doit périr – Michel Bussi – Pocket – 768 pages – 8,95€ - *** 

réédition de "La dernière licorne" paru sous le pseudo de Toby Rolland aux Presses de la Cité en 2017. 

Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 8 décembre 2019



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