"Tramson possédait un prénom, Jacques. Prénom que dès son plus jeune âge, il avait pris en grippe pour lui préférer des patronymes aux consonances plus brèves: Luc, Marc, Paul. Il avait réussi à imposer son nom de famille comme un code, jusqu'à son mariage avec cette abrutie de Ghislaine qui lui servait des Jâââââcques longs comme le bras. De cette liaison éclair, lui restait une gamine de 10 ans, Céline qu'il vénérait et dont son ex-femme avait la garde."
Tramson est le personnage principal de ces trois romans écrits entre 1987 et 2006. Éducateur de rue après avoir été chauffeur de stars, l'homme navigue de façon incertaine entre flics et voyous. Dans un Barbès apocalyptique, Black, Beurs, camés, dealers, loosers mènent un bal d'enfer à la périphérie de l'opulence et génèrent une société autarcique avec ses lois et ses bannis. Abdullah rend la justice dans un vieil hôtel déglingué de Pigalle, on parie sur les chiens qui s'entretuent dans un cimetière reconverti.
Mais comme le dit Villard, si "globalement, la vie est dégueulasse, certaines minutes valent quand même la peine d'être vécues." A inscrire au patrimoine du polar national.
Barbès Trilogie – Marc Villard – Série noire Gallimard – 374 pages – 20€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 15 décembre 2019Lire aussi dans Sud-Ouest