Nikos Kazantzaki (1883-1957) est certainement l’un des écrivains grecs les plus célèbres. L’aéroport d’Héraklion en Crète porte son nom, plusieurs musées lui sont dédiés là-bas, et le voyageur qui se rend à Stavrós, au nord de La Canée, l’ancienne capitale de l’île, peut retrouver le décor du film "Zorba le Grec" tiré d’un de ses romans.
On connait de lui d’autres livres célèbres, ayant inspiré le cinéma, "Le Christ recrucifié" porté à l’écran par Jules Dassin sous le titre "Celui qui doit mourir", ou encore "La Dernière tentation". Les éditions Cambourakis, en France, republient ses textes depuis quelques années.
"Dans le palais de Minos" est une œuvre moins connue qui nous immerge dans la Crète minoenne des alentours du XXVIIe siècle avant notre ère. La prose limpide de Kazantzaki nous emmène sur "les pas des dieux", avec le bruissement des insectes, le feulement du vent. Il convoque la Mythologie, ses dieux et ses héros, Thésée, Minos, ses deux filles Ariane et Phèdre, Icare et son père Dédale, le Labyrinthe et bien sûr le Minotaure.
Il convoque aussi l’histoire, avec l’invasion dorienne qui mit fin à la suprématie de la Crète sur la Méditerranée orientale, et le probable incendie qui détruisit le palais de Cnossos. Les décombres dans lesquels errent les personnages à la fin du livre correspondent à peu près à ce que l’on peut voir aujourd’hui sur le site minoen.
Ce roman d’aventures fantastiques, plutôt destiné à la jeunesse, se lit aussi comme un guide de voyage à travers le temps, le sésame d’un monde dans lequel le surnaturel pouvait surgir au détour d’un chemin. Et il prend une résonance particulière depuis la découverte le 11 juin 2024 d’un nouveau et mystérieux site minoen sur un chantier d’aéroport, près d’Héraklion.
Dans le palais de Minos - Nikos Kazantzaki - Traduit du grec par Jacqueline Moatti-Fine – Cambourakis - 435 pages - 13,50€ - ***
François Rahier
François Rahier