Ulrich Effenhauser est historien et son roman restitue avec une précision documentaire les sinistres parties de poker menteur entre l'Est et l'Ouest de l'Allemagne après la Seconde Guerre mondiale. On a accusé la République fédérale d'avoir "blanchi" un certain nombre de dirigeants d'entreprises mais on a sous-estimé le pouvoir de nuisance des anciens nazis manipulés par les communistes. Et l'historien allemand a su admirablement se planquer derrière le romancier pour nous offrir ce scénario dont certains plans évoquent les vertiges hitchcockiens.
En Bavière en 1978, l'assassinat d'un prof de musique va permettre à Alwin Heller, un jeune flic dont le père a été membre du parti nazi, d'enquêter sous les ordres d'un autre flic de légende, héros de la résistance. Mais alors que tout indique une implication de la Fraction Armée rouge, le mentor de Heller disparaît à Prague et l'affaire semble s'enliser dans un dialogue impossible entre Prague et Bonn. Ulrich Effenhauser perce les secrets honteux enfouis des deux côtés du Mur.
"Le crime est un rat. Un rat qui se glisse dans les fissures du monde pour y mettre bas. La vocation de Heller était de mettre ce rat hors d'état de nuire. Il a cru que c'était possible. Puis il s'est rendu compte que non; les rats prolifèrent, dans la nuit."
Je vis la bête surgir de la mer – Ulrich Effenhauser – Traduit de l'allemand par Carole Fily – Actes Sud actes noirs – 240 pages – 21,80€ - ***
Lionel Germain
Lionel Germain
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