Martin vit avec le facteur, Clémentine avec une prof de lettres, et Stéphane Brindille cherche à calculer le poids du monde. Ce trio de flics composé d'un binôme homosexuel et d'un jeune Asperger aussi indéchiffrable que sa phobie des chiens, est la bonne trouvaille du roman de Gilles Vincent. Là où on pourrait craindre le pire, il propose un portrait très touchant de ses personnages dont il a travaillé la nuance en évitant la caricature et les lieux communs.
L'entreprise Titania de Tarbes voit un grand nombre de ses salariés se suicider. C'est forcément suspect dans cet univers du commerce en ligne à la réputation sulfureuse. Sa belle vitrine sociale et son patron charismatique agacent les enquêteurs mais Titania pourtant n'est qu'un faux nez narratif.
En changeant peu à peu la trajectoire d'une intrigue prévisible, en déjouant tous les pronostics du lecteur, Gilles Vincent réussit à le perdre momentanément dans un maelstrom de violence inexpliquée. Ce qui nous reste à la fin du voyage, c'est la densité du mal dissimulé derrière un voile de mensonge et d'innocence. Cruel et imparable.
Usual Victims – Gilles Vincent – Éditions Au diable vauvert – 416 pages – 19€ - ***
Lionel Germain
Lionel Germain
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