Quand l'éditeur évoque Thompson et Shakespeare pour "Les mystères d'Alger" de Robert Irwin, on a envie de revenir à Camus sur une citation duquel s'ouvre le livre. "Nécessaire et inexcusable, c'est ainsi que le meurtre leur apparaissait. Des cœurs médiocres, confrontés avec ce terrible problème, peuvent se reposer dans l'oubli de l'un des termes. Ils se contenteront, au nom des principes formels, de trouver inexcusable toute violence immédiate et permettront alors cette violence diffuse qui est à l'échelle du monde et de l'histoire."
Dans ce roman tragique et superbe, Robert Irwin nous raconte la guerre d'Algérie mieux que l'historien (qu'il est pourtant) pourrait le faire. Pas la guerre des généraux ou des maquisards héroïques mais celle des flibustiers de la mort perdus dans des rêves sanguinaires. Un officier français retourné par le Viêt-Cong trahit pour le FLN. Il ânonne Marx en assassinant femmes, enfants et vieillards. Fou, dira-t-on? Comme si la guerre avait quelque raison.
Les Mystères d'Alger – Robert Irwin – Traduit de l'anglais par Gérard Piloquet – Phébus – 240 pages (janvier 1994)
Lionel Germain
Lionel Germain