"C'était un homme qui aimait les îles". La première que choisit le narrateur est couvertes de pruneliers, de primevères et de jacinthes bleues. On y trouve une ferme et trois chaumières. Mais cette petite communauté se refuse à l'harmonie et coûte cher à son propriétaire qui la revend.
La deuxième île, plus petite, sur laquelle il emménage avec cinq personnes à son service laisse entrevoir un bref instant l'idée du bonheur. Face à la mer, l'écrivain se pose la question et ajoute: "Je suis transformé en rêve." Et puis il y a cette jeune fille pour laquelle il succombe en se sentant déjà empli d'une mort sans volupté. Fuyant son enfant et la promesse d'un foyer, il abandonne encore sa maîtresse pour une autre île, la troisième.
Le voilà dans une petite maison près d'une plage de galets, avec des moutons et un chat. Même ces animaux ne tardent pas à lui faire horreur. Les oiseaux ne font plus escale. L'hiver n'est pas qu'une saison. Bientôt, une lumière grise et glacée fige le décor.
On peut faire l'exégèse de cette nouvelle, chercher à comprendre ce qui nous échappe toujours dans la quête d'idéal, mais reste encore à s'abandonner à la puissance poétique du texte qui ramène dans ces trois vagues successives les vapeurs navrées de l'existence.
L'homme qui aimait les îles – D.H. Lawrence – Traduit de l'anglais par Catherine Delavallade – L'arbuste véhément éditions de l'Arbre vengeur - 100 pages – 6€ - ***
Lionel Germain
Lionel Germain