Comme l’impression d’abord de passer à côté de l'histoire par la faute d'une distraction coupable mais préméditée par l'auteur. L'histoire donc d'une disparition d'enfant au cours d'un vide grenier scolaire. Le vague indice d'un homme avec un ours en peluche et l'enquête de routine à laquelle on s'attend. Jan Costin Wagner s'emploie à nous perdre en livrant les échos fragmentés du réel à travers les points de vue multiples. Mais davantage qu'un roman choral, c'est un labyrinthe narratif dans lequel se croisent des personnages à contrejour.
Ben et Christian pourraient se réduire aux silhouettes stéréotypées qui fonctionnent dans toutes les séries. Les deux flics ne donnent à voir que des reflets d'eux-mêmes destinés à la bonne marche d'une procédure pénale. Ce qu'ils préservent à l'ombre du récit constitue le joyau littéraire de cet auteur allemand, maître des introspections bouleversantes. Une scène de crime fantomatique où des fils de lumière comme projetés de l'intérieur des personnages tissent peu à peu la trame du roman noir.
L'été la nuit – Jan Costin Wagner – Traduit de l'allemand par Marie-Claude Auger – Actes sud – 288 pages – 22,50€ - ****
Lionel Germain
Lionel Germain
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