Au "Télégramme de Vilroz", le "fédé" de service s'appelle Jack Ethic. Il traque les échos routiniers du commissariat dans l'espoir de lever un lièvre plus conséquent, comme l'accident banal de la circulation au cours duquel le fils de l'adjoint au maire trouve la mort en pleine nuit. Mais pour que la souris accouche d'une montagne, il faut creuser les apparences. Intimidation économique, compromissions politiques, c'est là que le petit journaliste va mériter sa carte de presse.
Servir l’oubli – Philippe Motta – In8/Noires de Pau – 300 pages – 22 euros - ** -
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 18 janvier 2009
Avec
Jack Ethic, on est entraîné sur un tempo d'enfer dans la compétition entre journaux. Il s'agit de nourrir la bête,
fournir sa chronique quotidienne dans une démarche inverse de celle observée
chez J.B. Harang pour "Bordeaux-Vintimille" où l'arrêt sur images
prime sur le montage accéléré qui caractérise le travail des fait-diversiers.
"Dans
la nuit de mardi à mercredi…", "Il était 22 heures environ…", la
duplication des clichés, sans rapport avec le "degré zéro de
l'écriture" imaginé par Barthes, aboutit parfois à une poétique étrange:
"étranglée par un antivol, sauvée par un bélier". Une poétique qui
trahit la tension permanente du "fédé" en quête de l'ellipse fatale.
Quand l'accident n'est plus celui d'un anonyme mais
d'un fils de famille, on passe du récit clôturé, la nouvelle en trois lignes
inventée par Félix Fénéon dans les années trente, au feuilleton. Le journaliste
devient détective et le fait-divers, une affaire.
Escales du livre 2013 à Bordeaux –
rencontre: Faits-divers et fictions littéraires – Jean-Baptiste
Harang pour "Bordeaux-Vintimille" chez Grasset et Philippe Motta pour
"Servir l'oubli" (In8).