De Chicago à Los Angeles, la Route 66 s'étire sur près de 4000 km. Tous ces miles consacrés au mythe d'une liberté acquise dans les champs de pétrole symbolisent l'exode des pauvres chez Steinbeck et ne sont plus aujourd'hui qu'un musée à ciel ouvert où les touristes se paient une tranche de rêve. C'est précisément cette rencontre improbable entre mythe et réalité que nous raconte Sophie Loubière.
Le monde réel s'incarne dans la fonction première de la route sillonnée par les représentants de commerce. En 1966, dans une petite ville de l'Oklahoma, Benjamin Blur est un de ces voyageurs aux valises pleines. Lors d'une de ses absences, un rodeur dans une Ford Mustang agresse sa femme avant d'assassiner sa fille et sa belle sœur, n'épargnant que le fils Desmond.
Plus de quarante ans après, une touriste française, Lola Lombard est plaquée par son mari sur la Route 66 avec leurs deux enfants. Desmond, est désormais un criminologue célèbre, obsédé par la recherche du tueur et par les secrets de son père. Quand le mari de Lola se manifeste en affirmant avoir reçu la confession du meurtrier, elle retrouvera Desmond pour s'associer à sa traque.
Sophie Loubière nous offre une vision contrastée de la légende américaine, une approche sociale et historique capitalisée par les agences touristiques dont le ripolin s'écaille à mesure qu'on progresse dans l'intrigue. Sensualité, suspense et la douceur enrouée de Peggy Lee:
I walk the floor and watch
the door
And in between I drink
Black coffee.
Black Coffee – Sophie Loubière – Fleuve Noir – 564 pages – 19€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 31 mars 2013
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