Encore une fois, Ellory tient la distance. Du polar au long cours pour les soirées estivales où la somnolence se mesure à la progression du marque-page. On y suit l'itinéraire de John Harper, écrivain sans souffle et assoiffé qui bidouille des reportages dans le journal de Miami. Alors qu'il s'apprête à embarquer sans passion, pour le marronnier sur la pêche au large des Keys, voilà qu'on lui annonce l'admission à l'hôpital de son père blessé par balles à Manhattan.
Découvrir d'abord qu'il a un père, ensuite qu'il s'agit d'un patron de la mafia, et qu'enfin beaucoup de monde se presse dans le sillage de l'agonisant, suffit à nourrir autour du personnage une intrigue comme l'affectionne Ellory. Au-delà du récit passionnant qui prolonge le regard porté sur la mafia new-yorkaise dans "Vendetta", on est séduit par la façon dont John Harper se révèle à lui-même loin des mânes d'Hemingway mais bordé par d'autres voix puissantes.
Comment ce détour par New-York, en compagnie de flics et de comparses plus ambigüs les uns que les autres, le remet peu à peu sur les rails de sa vocation initiale.
Omerta – R.J. Ellory – Traduit de l'anglais (GB) par Claude et Jean Demanuelli – Sonatine – 600 pages – 23€ - ***
Lionel Germain
Lionel Germain
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