Si on s'intéresse à l'histoire du polar américain, cette nouvelle traduction de "Traquenoir" et la préface de Roger Martin apportent un éclairage indispensable à la compréhension de l'écrivain Ed Lacy. L'auteur sous pseudonyme vivait dans une Amérique des années cinquante où la liberté d'expression se heurtait aux murailles fortifiées du McCarthysme.
Dès le premier chapitre, une scène admirablement orchestrée donne la hiérarchie des malheurs auxquels va se confronter le personnage du roman. Toussaint Marcus Moore, détective amateur et afro-américain à plein temps accepte une mission suicide: la filature d'un Blanc à la demande d'une chaîne de téléréalité qui veut transformer son arrestation en spectacle. Évidemment quand le Blanc se fait assassiner, le coupable ne peut être que noir.
Mais revenons au début. Un "Nègre" entre dans un drugstore où une loi non-écrite lui impose de rester dehors.
"Mon entrée fit sensation. Le monde s'était arrêté de tourner. Le barman, un gros lard, me fixait, incrédule; un type au comptoir tourna la tête et se figea, bouche pleine et yeux exorbités…"
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Traquenoir – Ed Lacy – Traduit de l'américain par Roger Martin – Éditions du Canoë – 304 pages – 18€ - ***
Lionel Germain
Lionel Germain
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