Petit roman indispensable, à l'heure où l'histoire immédiate s'efforce de gommer certains souvenirs indésirables. Cent-cinquante pages pour se rappeler d'où vient la démocratie fatiguée qu'on éreinte aujourd'hui. De cette année 1945 par exemple, l'an 1 après l'Ordre Nouveau qui avait plongé l'Europe dans les ténèbres.
Pierre Hanot nous invite à partager la cellule d'un collaborateur incarcéré à Toulouse. Paul est un homme de conviction, porté par des "valeurs" dont il refuse de voir le caractère monstrueux. En attente du procès que redoute son avocat, il écrit sur son carnet l'essentiel de ses faits d'armes, toutes les basses œuvres de la milice, les turpitudes pseudo-héroïques contre les résistants, les tortures et les exécutions sommaires.
On ne dira pas quelle forme spectaculaire prendra la rédemption qui permettra à Paul d'échapper à la guillotine. Mais comme le fait Pierre Hanot, on rappellera au lecteur que c'est à un rescapé français de la Waffen-SS qu’on doit la création en 1972 d’un mouvement politique qui qualifia trente ans plus tard un candidat à l’élection présidentielle.
Au bout, la nuit – Pierre Hanot – Konfident noir – 156 pages – 14€ - ***
Lionel Germain
Lionel Germain
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