Qu'on s'appelle Max Dodman ou Thomas Bonyard, quand on accepte de figurer au casting de Sébastien Gendron, faut savoir que chez lui "on éparpille et on pulvérise" facilement. Max Dodman, un "presque frêle", a commencé sa vie professionnelle à l'arrière d'un fourgon blindé.
Le jour du braquage, il est le héros qui se rêve à cinquante contre un. Dans le feu de l'action, brûlant comme le feu des steppes, il arrache la moitié de la tête d'un gamin alléché par l'odeur des billets en accès libre. C'est Thomas Bonyard le gamin, et on devine que l'esprit de revanche, quelques années plus tard, aura le visage d'un borgne de 49 ans.
Max Dodman sera, lui, devenu garagiste et producteur de films pornographiques. "Un truc de malade", on s'en doute, mais l'auteur nous donne quelques clés pour comprendre l'intérêt du système. Les amateurs d'exclusivité se ruent sur leur écran et dégainent leur carte bleue pour le plus grand bonheur des mafias.
C'est dans ce contexte idyllique, ponctué de corruption municipale et de détresse affective et sexuelle, que va s'accomplir la promesse faite au lecteur: c'est du Gendron, c'est du brutal.
Chez Paradis – Sébastien Gendron – Série noire Gallimard - 350 pages – 19€ - ***
Lionel Germain
Lionel Germain
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