Soneri n'est pas un héros de roman. Ce personnage de commissaire parmesan créé par Valerio Varesi est l'interface entre deux mondes. Celui baigné de lumières vives qui dessinent l'ordinaire de nos jours, et l'autre inscrit sous le brouillard de nos incertitudes. Le dernier roman publié chez Agullo donne la clé de ces deux univers dans le portrait d'une immigrante roumaine.
En enquêtant sur Nina Iliescu, dont le corps carbonisé est découvert au bord de la route après un monstrueux carambolage, Soneri exhume le dossier d'une Europe dans laquelle les Roms sont les brigades mobiles du crime organisé. Or, drogue, prostitution, la jeune Roumaine a su embobiner quelques notables mais le commissaire refuse de la réduire à ce qu'elle devient sous les projecteurs de la médecine légale. En proie à ses propres tourments amoureux, il préfère la réinventer sans s'interdire de coffrer les coupables.
Ce flou protecteur préserve l'innocence du regard sur la beauté du monde. Une beauté qui se diffuse autant dans la splendeur des paysages de l'Émilie romagne qu'à la table d'un bar à vin obscur où se dégustent le "culaccia" et la "coppa" arrosés d'un bon cru. Varesi, c'est l'équilibre parfait entre les ombres et la lumière.
Or, encens et poussière – Valerio Varesi – Traduit de l'italien par Florence Rigollet – Agullo noir – 320 pages – 21,50€ - ***
Lionel Germain