"Un verre de blanc, s'il vous plaît.
- Muscadet ou sauvignon?
- Au-revoir monsieur"
C'est l'ouverture de cette longue promenade d'ivrogne à la recherche de ce bar parfait dans lequel "on ne doit pas trop y percevoir le réel. Le réel, c'est fait pour être rêvé". Une niche odorante où les clichés s'amortissent sur le zinc. Où il y a un zinc pour commencer. En confiant son sort au plateau de Monopoly, Jean-Bernard Pouy fait un clin d'œil aux situs. Pour faire semblant d'écrire un polar, on devra croiser des braqueurs maladroits mais c'est surtout au bistrot de l'Avenue Mozart que la rencontre aurait pu faire basculer le sort du narrateur.
L'Anglaise au comptoir, "paraphrénique confabulante", raconte Stevenson, les Cévennes et son âne. Et nous voilà rendus au royaume des homophonies qu'affectionnait Raymond Roussel. On a un coup dans le nez ce qui justifierait la cellule de dégrisement et le retour brutal au manque. Reste un dernier rade avant la mort. Inamical, bruyant, mal fréquenté mais capable de vous servir un Mercurey blanc.
"Modération mon cul. Quand je suis sorti, il faisait presque nuit, j'étais sur l'Île de la Cité. Carrément le Quai des Orfèvres… Trois orfèvres, à la Saint-Éloi… Modération, mes genoux."
Le bar parfait – Jean-Bernard Pouy – In8 – 66 pages – 11€ - ****
Lionel Germain