"A mort l'oreille gauche de Van Gogh". C'est un texte d'Allen Ginsberg. "Un mec incroyable", nous dit Jean-Bernard Pouy, "qui écrit sur tout, note tout, parle de tout, avec des vannes, des correspondances, le mélange de tout ce qui se passe en lui et autour de lui". En fait, en résumé, le style et la méthode de Jean-Bernard Pouy, dont chaque roman affirme sans pudeur qu'il est avant tout le fruit d'une lecture, d'une rencontre avec un autre auteur. Spinoza, Wittgenstein, Rimbaud, Gadda, la poétesse Marilyne Desbiolle…
Avec Ginsberg, donc, dans sa besace, le héros de "L'Homme à l'oreille croquée" se retrouve en pleine catastrophe ferroviaire. Tout un wagon sur l'estomac et, en prime, une jeune fille qui défie l'entendement en lui grignotant un morceau de cartilage. Une situation peu banale pour une histoire émouvante parsemée de notations fugitives comme ces images qui glissent sur la vitre du train.
L'Homme à l'oreille croquée – Jean-Bernard Pouy – Folio Gallimard – 158 pages – 6,20€ - **
Lionel Germain