"Chrétien",
le personnage de James Sallis est un tueur à gages. C'est avec son chien qu'il
a expérimenté, depuis son plus jeune âge, la bonne distance avec la mort, et
c'est en temps de guerre qu'il a gagné son surnom de "Chrétien". En
temps de paix, c'est un tueur illégal. Pour ses contacts sur Internet, il
utilise un code basé sur de pseudo transactions de poupées. Mais "Chrétien"
est aussi un tueur "qui se meurt". La maladie le ronge et sa dernière
cible lui échappe quand un mystérieux concurrent prend sa place.
Internet
figure le nouveau chemin d'accès aux trois personnages de l'intrigue: un tueur,
un enfant et un flic. Sayle dont la femme meurt de chagrin enquête sur la
victime loupée par le tueur. Jimmy, un enfant abandonné, maintient la fiction
d'un foyer familial. Il lit des histoires aux personnes âgées mais tout le
monde ignore autour de lui qu'il survit en apesanteur dans le bruissement
informe et tumultueux d'Internet où il croisera le destin du tueur.
La Toile lui
diffuse les messages de la Visiteuse: une voix dans le cyberespace qui n'est
plus que l'écho d'elle-même nous enjoignant d'éprouver la douceur du monde avec
nos sens, de ne plus être les simples passagers d'un récit impassible et froid.
James
Sallis interroge cette rumeur monstrueuse qui n'oublie rien de nous sans jamais
rien nous rendre.
Le tueur se meurt – James
Sallis – Traduit de l'américain par Christophe Mercier et Jeanne Guyon – Rivages
– 264 pages – 20€ - ***
Lionel
Germain – Sud-Ouest-dimanche – 16 juin 2013
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