Excepté
sur le plan technologique, les jeux d'espions n'ont pas beaucoup évolué depuis
les premiers romans de John LeCarré. On a vu la boussole passer de l'Est au
Sud, des conflits en godillots atomiques de la guerre froide aux hommes
sandwiches parfumés à la nitroglycérine des confins de l'Arabie. Et voilà que
l'aiguille frétille avec insistance du côté de l'Asie orientale où les services
chinois sur le pied de guerre entendent bien contrer les ambitions américaines.
Dans
le roman d'Olen Steinhauer, deux hommes symbolisent le combat que se livrent
les superpuissances. Alan Drummond, patron d'un département des services
secrets américains, les Touristes,
et Xin Zhu, colonel du 6ème Bureau du Guoanbu, le service chinois.
Dans "L'Issue", le
précédent roman de l'auteur, on assiste au démantèlement du groupe par l'effet
classique des trahisons que favorise Xin Zhu. Alan Drummond a disparu et les
survivants règlent leurs comptes.
Milo
Weaver, le véritable héros de Steinhauer, est un de ces survivants. Père de
famille soudain conscient de la fragilité de sa condition, il aimerait protéger
sa fille et sa femme des représailles.
On
pourrait définir l'espion américain (c'est le titre original du roman) comme la
résultante d'une série de compromissions instrumentalisées par une bureaucratie
tentaculaire. Dans ce réseau croisé de menaces, de chantages et de fiascos
administratifs, les Chinois comme autrefois les Russes n'ont rien à envier au
monstre américain.
L'étau – Olen Steinhauer –
Traduit de l'américain par Samuel Sfez – Liana Levi – 448 pages – 21€ - **
Lionel Germain