Comme tous les vrais durs, Jacky Schwartzmann se protège d'une tendresse menaçante derrière un regard affûté comme un sabre. Dans cette "Pension complète" aucune tête n'échappe au sabre: Vieux, jeune, riche ou pauvre, chacun dissimule des idées tordues sous une grimace de savoir-vivre. À commencer par Dino, jeune homme des "cités" égaré dans les bras d'une riche héritière luxembourgeoise de trente-deux ans son aînée. Mais c'est là aussi que perce la tendresse de l'auteur dont le personnage ne coïncide pas tout à fait avec son statut de "gigolo". Lors d'une escapade contrainte vingt ans plus tard, sa rencontre avec l'écrivain Charles Desservy, ancien prix Goncourt, est aussi dû à ce hasard qui est aux pauvres ce que "le destin est aux riches."
Dans un camping du bord de mer, Charles et Dino sont des voisins d'escale. "Les écrivains font rêver. C'est parfaitement inexplicable, mais c'est ainsi." On meurt pourtant beaucoup dans l'entourage de ce couple improbable. Jacky Schwartzmann s'en donne à cœur joie contre les préjugés avec une verve très poétiquement incorrecte.
Pension complète - Jacky Schwartzmann - Points Policiers - 216 pages - 6,50€ -
Lionel GermainLire aussi dans Sud-Ouest