A partir d'une histoire banale, celle d'un tueur en série père de famille, Dror Mishani orchestre un petit bijou de narration croisée entre les trois victimes dont on épouse le point de vue en occultant celui du prédateur. Et pourtant, l'avocat rondouillard séduit avec une patience exagérée les femmes auxquelles il se raconte volontiers. Outre l'excellente surprise de la fin, c'est le paradoxe de cette construction très habile: le personnage le plus transparent est une fabrication mensongère que le lecteur s'épuise à élucider.
Une Deux Trois – Dror Mishani – Traduit de l'hébreu par Laurence Sendrowicz – Série noire Gallimard - 330 pages – 19€ - ****
Lionel Germain