La puissance dévorante du "nouveau monde", celui des réseaux sociaux qui nous hameçonnent dans un maillage d'amitiés virtuelles et d'anonymes cracheurs de haine, apparaît dans ce roman comme la réalité déjà en point de mire. Ce qui était de la science-fiction avec Orwell conjugue au présent nos désirs programmés de consommateurs.
Rob Hart a baptisé MotherCloud les grosses structures où se déploient les rayonnages et où s'agitent les "collaborateurs" d'un système qui ne laisse rien au hasard. C'est effrayant dans une fiction de sentir à quel point cette barbarie feutrée est déjà celle qui nous gouverne. En intégrant MotherCloud, Paxton, le dindon de cette farce, croit se sauver de la misère à laquelle son nouveau maître l'avait contraint. Mais nos rêves sont des productions MotherCloud. Les jeux sont faits.
MotherCloud – Rob Hart – Traduit de l'américain par Michael Belano - Belfond noir – 414 pages – 21,90€ - ***
Lionel Germain