Ethan Green est un bon chirurgien, tellement honnête que son patron à Tel-Aviv l'a exilé dans le désert pour qu'il cesse de contrarier ses petits arrangements avec la morale. C'est la validité et la pertinence de ce sens moral que l'auteure israélienne soumet à l'épreuve d'une expérience ultime.
Un soir, après une journée harassante à l'hôpital, Ethan fonce avec son 4x4 et renverse un homme qu'il abandonne pour mort. Le lendemain, une femme se présente chez lui, elle s'appelle Sirkitt, émigrée clandestine et témoin de l'accident qui a coûté la vie à son mari. Contre la promesse de ne rien révéler, elle contraint Ethan à devenir le médecin des Africains en situation irrégulière.
Là où l'affaire se complique, c'est que la femme d'Ethan est flic. La voici chargée de l'enquête sur la mort de cet Érythréen au cours de laquelle un jeune bédouin trafiquant de voiture pointe son nez dans la procédure. Le coupable a désormais un profil idéal pour endosser le premier crime.
Malgré son "écart de conduite", Ethan peut-il être accusé d'avoir tué un fantôme? A partir de cette singularité romanesque, Ayelet Gundar-Goshen élargit le champ des culpabilités, donnant à voir une société où coexistent deux mondes, celui des dominants israéliens s'aveuglant sur la certitude de ne plus rien devoir à l'autre monde, celui des dominés. Et le crime littéraire est parfait.
Réveiller les lions – Ayelet Gundar-Goshen – Traduit de l'hébreu par Laurence Sendrowicz – Presses de la Cité – 414 pages – 22,50€ - ****
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 26 novembre 2017