Se méfier de Dror Mishani. Auteur de polars, certes, mais aussi professeur d'Université à Tel-Aviv. Et spécialiste de littérature policière. Comme si l'auteur mettait sur le comptoir des échantillons de quelques cocktails préparés en laboratoire. Avraham, son héros récurrent, est un flic promené dans des intrigues où se déjouent souvent les procédures classiques du genre. ("Une disparition inquiétante", "La violence en embuscade", "Les doutes d'Avraham", "Une, deux, trois")
Quand on le redécouvre marié et désireux d'échapper à la routine de ses enquêtes, on ne peut s'empêcher d'entendre en arrière-plan la petite musique du professeur. C'est le ronron plus général du polar que Dror Mishani bouscule gentiment.
"J'ai l'impression", dit Avraham, "de ne mener que les combats sans importance et surtout sans vainqueurs."
Le voilà donc qui rêve d'endosser le costume de James Bond et de s'extraire des problèmes domestiques pour contribuer au maintien d'une paix universelle. Entre la disparition d'un homme à son hôtel et une affaire de nouveau-né abandonné, Dror Mishani renvoie son héros dans les cordes d'un ring illuminé par les lumières sales du Mossad. Un double jeu littéraire au goût amer.
Un simple enquêteur - Dror Mishani – Traduit de l'hébreu (Israël) par Laurence Sendrowicz – Folio policier – 352 pages – 8,90€ - ***
Lionel Germain
Lionel Germain