À Glasgow, Alan Parks feuillette un calendrier où du "Janvier noir" aux "Morts d'avril", l'éphéméride dépose les mauvaises nouvelles des années 70 sur le paillasson de l'inspecteur McCoy. Et sur la feuille de route, en mai 1974, les choses ne s'arrangent pas vraiment. Cinq morts dans un incendie criminel, une menace de lynchage, un évêque pas très catholique, et cet ulcère persistant pour McCoy. Que Dieu nous pardonne, mais le printemps sent le roussi.
À peu près à la même époque, le meurtre d'un vieil homme, à Glasgow toujours, et l'incendie d'un entrepôt d'alcool clandestin donne le coup de gong d'un match truqué entre les gangs. Avec l'inspecteur McCormack, son flic revenu de Londres après avoir réglé quelques comptes hiérarchiques, Liam McIlvanney, se glisse dans les secrets nauséabonds des familles d'accueil et des établissements consacrés aux jeunes filles perdues.
Quant à Chris Brookmyre, il retrempe sa plume dans l'encrier d'Agatha. Une encre malgré tout très noire pour nous faire partager le séjour d'un groupe de femmes appelées à se rejoindre sur une île. Loin de Glasgow ou d'Edimbourg, on frissonne à l'enterrement de "vie de jeune fille" d'une de ces invitées. Le cadavre obligé sort du placard et Chris Brookmyre endosse tour à tour le costume de ses personnages pour démêler les secrets, les haines cachées et les fausses pistes. Une partie de Cluedo remise au goût du jour avec un évident savoir-faire.
Enfin dans ce roman prophétique de Peter May sur les menaces dont on semble se complaire à ignorer les signes, l'auteur renoue avec le décor prodigieux de son Écosse. Brodie, flic en sursis et veuf inconsolable, va utiliser les six mois que lui accorde son cancer pour enquêter sur la mort d'un journaliste. Pour retrouver surtout sa fille unique à l'origine de la découverte du corps. En avance de quelques années dans le siècle, Peter May allume les feux de détresse d'une planète en perdition et réussit un superbe roman d'amour entre un père et sa fille.
Joli mois de mai - Alan Parks – Traduit de l'anglais (Écosse) par Olivier Deparis – Rivages noir – 432 pages – 22,50€ - ***
Retour de flamme - Liam McIlvanney – Traduit de l'anglais (Écosse) par David Fauquemberg – Métailié noir - 592 pages – 23€ - ***
La Maison sur la falaise - Chris Brookmyre – Traduit de l'anglais (Écosse) par Céline Schwaller – Métailié noir – 384 pages – 22,50€ - ***
Tempête sur Kinlochleven – Peter May – Traduit de l'anglais (GB) par Ariane Bataille – Rouergue noir – 352 pages – 22,80€ - ****
Lionel Germain
Lionel Germain