À la cérémonie d'une passation de pouvoir à l'Élysée, le partant révèle à son successeur le "cinquième rituel", un secret transmis par tous les élus depuis la fondation de la Cinquième République. L'astuce de Giacometti et Ravenne consiste bien-sûr à refermer la porte en nous laissant sur le palier des confidences. Voilà un prologue en forme d'aubaine pour l'amateur de suspense auquel on promet une série de diversions passionnantes sur plus de 400 pages.
Si la franc-maçonnerie est au cœur de l'œuvre des deux auteurs, c'est avec le double souci de ne pas sombrer dans le complotisme permanent et de ne pas s'interdire la transparence sur les pratiques parfois douteuses des "frères". Dans cet entre-deux, Marcas, flic franc-maçon est le médiateur idéal.
La première "diversion" concerne son parcours d'homme en marge chargé d'une mission d'observation sur une manif où s'affrontent gilets jaunes, black blocs et CRS. En reconnaissant son fils au milieu des casseurs et en le laissant s'enfuir, il commet une faute que ne manque pas d'exploiter sa hiérarchie. Quand Alice, commandant de police, enquête sur le vol suivi d'un meurtre au Grand Orient de France, c'est donc Marcas qu'on associe à cette femme dynamique pour éclairer les zones d'ombre du Grand Orient.
La lumière y occupe une place symbolique très forte. Celle du soleil, de la lune, des étoiles, de la conscience et peut-être d'une dernière source, la lumière des ténèbres pourvoyeuse de malheur. Pendant que Marcas et Alice se cognent au réel dans l'obscurité, Giacometti et Ravenne nous précipitent en Dordogne où une étrange malédiction frappe les héritiers du Château de Castelrouge. Du 13ème siècle à l'Occupation, de Paris à Moscou, entre grande Histoire et petites légendes, les éléments constitutifs du "cinquième rituel" se rassemblent peu à peu. Dans l'alignement parfait des planètes du suspense.
Marcas – Éric Giacometti et Jacques Ravenne – JC Lattès – 450 pages – 21,90€ - ***
Lionel Germain
Lionel Germain
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