On l'appelle "Fus", à cause du "fußball à la luxo", le Luxembourg voisin de cette Lorraine sinistrée. Mais comme le dit si bien la quatrième de couverture, "c'est l'histoire d'un père qui élève seul ses deux fils."
La maman est morte d'un cancer, le chômage rôde autour des usines et le foot est le dernier terrain où les hommes jouent leur vie. Le parti communiste se réduit à quelques retraités qui éclusent leurs souvenirs. La jeunesse s'habille en noir comme si elle comprenait le deuil des espérances auquel on la condamne.
C'est l'histoire d'un père cheminot, de deux frangins, l'un qui va à Paris pour tenter d'accéder au bon côté de la lutte des classes, l'autre qui hante les pelouses du stade et les soirées de baston du côté obscur de la farce électorale. Et quand "Fus" aura fini de régler ses comptes avec ceux qui lui ressemblent, il lui restera la prison, un mort sur la conscience, et un père inconsolable. Pas franchement gai mais terrible de vérité.
Ce qu'il faut de nuit – Laurent Petitmangin – Livre de poche – 144 pages – 7,20€ - ****
Lionel Germain