Curieux premier (et apparemment dernier) roman d'un auteur qui reste avant tout un serial traducteur. La ville de Marseille y occupe une place centrale. Des cadavres sans langue, la femme du premier adjoint au maire plus trouble que les eaux du Vieux-Port, et toute la faune qui a pris racine sur les bords de la Méditerranée participent à cette murder-party sans tasse de thé pour deux flics improbables: le commissaire Tolila, juif pied-noir et Phan Trong Yen, rescapé des boat-people.
Le roman multiplie les apartés mystiques avec renvoi codé au Talmud, s'abandonne au spleen aussi et ne nous épargne pas certaines facilités. Dans "L'Année du Polar" de 1985, Michel Lebrun soulignait l'influence un peu trop appuyée de Charyn. C'était en tout cas l'émergence d'une nouvelle école d'écrivains qui ne cherchait plus à dissimuler son ambition "littéraire".
Mauvaises langues – Paul Bénita – Engrenage Fleuve noir (mai 1984) – 188 pages – à partir de 4€ sur les sites de vente en ligne - ***
Lionel Germain