Tous les superlatifs sont au rendez-vous de la chronique pour saluer ce bouquin écrit par un jeune homme qui dort toujours (à l'heure où sont pondues ces lignes) derrière les barreaux d'une prison fédérale. C'est là que finissent les héros sous héroïne du cauchemar guerrier qu'on nous a vendu pour une croisade libératrice.
Nico est parti en Irak comme tant d'autres fils de la classe moyenne blanche, pétrie de convictions républicaines. Il est revenu en loques. Il n'y avait déjà plus de rêve à offrir à l'époque. Que des intérêts à défendre. Nico a fait le job sans illusion. Mais le job se fout de vos états d'âme. Il vous transforme en chair à canon pour la housse bordée du linceul national.
Ce qui pourrait se réduire au fait-divers d'un braqueur héroïnomane devient grâce à la sollicitude obstinée d'un éditeur ce joyau noir littéraire, bientôt adapté au cinéma. Nico Walker va sortir de taule prochainement. Il est clean. C'est une belle personne. Et "Cherry" un grand roman.
Cherry – Nico Walker – Traduit de l'américain par Nicolas Richard – Equinox Les Arènes – 432 pages – 20€ – ****
Lionel Germain