On pourrait résumer l'affaire en quelques lignes en disant que les puits sont secs et que c'est l'histoire du "jour d'après". Un thème à la mode mais terriblement réducteur pour rendre compte des plus de 700 pages qu'Andreas Eschbach consacre au sujet. Le personnage de Markus Westermann est une belle trouvaille. Parti d'Allemagne pour conquérir l'Amérique, il rencontre un Autrichien qui prétend détenir la martingale. Quand il n'y a plus de pétrole, il y en aurait encore grâce à la chimie mystérieuse de l'or noir. Très bon client du roman d'aventures, Markus laissera un joli paquet de plumes dans ce scénario trop beau pour être complètement honnête.
N'espérez donc pas un miracle mais ne vous privez pas de cette ahurissante leçon d'histoire qui livre les secrets du leadership occidental. Reagan et la baisse du prix du pétrole, l'Arabie saoudite que rien ne "distingue de la Corée du Nord ou de n'importe quelle autre dictature, mis à part le fait que nous remplissons les poches des Saoudiens aussi vite que possible parce que nous avons besoin de leur fichu pétrole", et pour quoi d'ailleurs le pétrole est-il encore si bon marché? Des sujets traités avec autant de pertinence que d'impertinence politiquement très incorrecte.
Mais après la panne sèche, le retour à la vie primitive signe réellement la fin de cette mondialisation des prédateurs. "Chaque jour, une compagnie aérienne déposait son bilan. (…) Les agences de voyages ne proposaient plus que des trajets en bus ou en train. (…) Celui qui voulait se rendre à Majorque avait intérêt à prendre le bateau. (…) L'aéroport lui-même ressemblait à un train fantôme." Et voilà que se profile la consécration du rêve "Amish" où les journées sont rythmées par le grincement des calèches sur les routes défoncées de l'ancien monde. Ne riez pas trop vite.
En panne sèche – Andreas Eschbach – Traduit de l'allemand par Frédéric Weinmann – L'Atalante – 764 pages – 25,50€ - ****
Lionel Germain