"Putain c'est hallucinant. En trente-cinq ans, je n'avais jamais vu qu'un cadavre, un seul, celui de mon grand-père, et encore, de loin, parce que j'avais refusé d'entrer dans le funérarium. Et là, depuis Noël, j'en suis quand même à mon troisième macchabée. Dont deux tués par balles, et un à coups de poing dans la gorge. On est loin de Papy Norbert, parti dans son sommeil à quatre-vingt-dix ans."
Parfois on passe à côté du sapin sans remarquer le petit soulier sous les papillotes. Dommage. À peine franchie la première page du bouquin de Gabriel Katz, les zygomatiques se détendent pour effacer la grisaille obstinée du réel. Le Père-Noël hostile aux marmots capricieux du grand magasin tombe amoureux d'une fille de rêve plus vénéneuse qu'une amanite phalloïde. On devine que la chute sera fatale.
Décalage horaire, frontière de classe entre le petit intermittent du spectacle et les gros mafieux de la jet-set. Il y a des scènes d'un burlesque achevé. Hors-saison mais salutaire.
N'oublie pas mon petit soulier – Gabriel Katz – Le Masque – 286 pages – 19€ - **
Lionel Germain