Conseiller les puissants de Bercy, Dominique Strauss-Kahn ou Laurent Fabius, ça donne forcément des idées noires. Arnaud Chneiweiss en a stocké un certain nombre qu'il infuse à l'abri d'un personnage de fiction original et convaincant, Diane, biographe à l'œuvre déjà dans un premier polar, "Meurtre dans l'Eurostar".
Diane est sollicitée ici par Hubert Howard, patron d'un groupe industriel leader en matière d'énergie. Hubert lui assure qu'il est prêt à devenir le "meilleur" écologiste de France pour produire du gaz de schiste. Avant de se peindre en vert, il contre les objections à l'exploitation d'une énergie considérée comme très polluante en dénonçant la diffusion de "fausses nouvelles", à commencer par ces images très spectaculaires des robinets qu'on enflamme.
Il pourrait bien s'agir de méthane sans rapport avec le gaz de schiste. Pour convaincre le personnel politique, Hubert embauche le mari de Diane, lui-même ancien ministre, fatigué du sérail et reconverti dans le "conseil". En Australie aussi, Hubert cherche inutilement à persuader les Aborigènes d'extraire l'uranium du sous-sol.
Le récit de Diane nous prépare au pire. Il est entrecoupé de révélations sur les magouilles de l'industriel avec un réassureur des Bermudes dans la ligne de mire d'un procureur américain. Finances, politique, corruption, truquage sportif, Hubert est la cible idéale qui nous ramène à la grande question existentielle du polar. Qui a pu presser la détente? Au-delà du postulat sur le manque d'audace de l'industrie hexagonale, le panachage entre roman noir et pirouettes déductives est sans danger pour le lecteur.
Schiste noir – Arnaud Chneiweiss – Cherche-Midi – 352 pages – 17,80€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 31 janvier 2016