Il y a les "bons", les "méchants" et ceux, comme celui qui donne son titre au roman, qui sont de "bons méchants". Un peu inquiétant aussi. Ancien commando sans affectation, gamin de la DDASS dont la "sœur" de cœur et d'infortune a perdu son fils assassiné par un prédateur, Skaer est un type en rupture de contrat. Machine à tuer en quête d'une justice expéditive pour éliminer le "tueur d'enfants", c'est aussi un homme qui se "désarme" parfois. Une rédemption à laquelle il ne veut pas croire pourrait le cueillir à travers une relation à une fillette, Célestia.
Ce qui nous entraîne du côté des "bons". Une mère et sa fille prisonnière d'une violence hélas banalisée par le flux des faits divers. Stéphanie, la mère, est une victime jusqu'au jour où Skaer surgit avec sa propre violence en réponse à cette violence illégitime. Et pour Célestia, la fillette en question, c'est la découverte d'un père de substitution et la certitude de ne jamais subir.
Versant officiel, on pactise très vite avec le sympathique capitaine Paul Burgonges, célibataire et fils attardé d'un père Alzheimer. Le jour où le "tueur d'enfants" refait surface, il va nouer une relation secrète avec Skaer, mélange de chantage et de fascination qui cimente peu à peu une véritable amitié, rugueuse et exigeante.
Mais il ne saurait y avoir de bon polar sans la lumière noire des "méchants". Philippe Setbon les installe dans un décor taillé sur mesure pour l'angoisse. Une petite tribu malfaisante avec dans l'ordre d'apparition, les comparses pitoyables puis le seigneur des ombres pour le final où le suspense est à son comble.
Rien de nouveau sous les sunlights de la fiction. On chemine simplement chapitre après chapitre avec des personnages qui comblent l'attente du lecteur.
Skaer – Philippe Setbon – Éditions du Caïman – 270 pages – 14€ - ***
Lionel Germain
Lionel Germain