Ce sont des mômes, ils sont douze, mais ils ressemblent davantage aux créatures de Jérôme Bosch qu'à des images d'Épinal. Ils survivent comme une meute de chiens errants entre le terrain vague et la Zup. Ils ont des noms qui évoquent tous les ports de la Méditerranée. Dans leurs yeux ne brillent plus pourtant que les soleils factices arrachés aux vapeurs de trichlo. Et puis une fille débarque, venant troubler leurs petites rapines sans gloire, parce que celui qu'elle aime est en prison et qu'elle a décidé de l'en faire sortir. Lui, c'est Adrian. Le treizième môme.
La taule et ses matons vicelards, le commissariat et ses flics ripoux, la Zup et ses épaves, c'est le décor du quatrième roman de Philippe Conil. Seule l'étrange obsession de la fille adoucit la violence mécanique et glacée des autres. Avec des personnages dont le meilleur d'entre eux n'hésiterait pas à tirer sur une ambulance, l'auteur offre du noir en rafale. Et treize à la douzaine.
Le treizième môme – Philippe Conil – Série noire Gallimard – *** - (1985)
Lionel Germain