Journaliste scientifique, Ben Matson a perdu sa compagne lors du crash du vol AL 77 sur le Pentagone, le 11 septembre 2001. Son corps n’a jamais été retrouvé. Ce roman est d’abord l’histoire d’un long travail de deuil. La découverte des restes d’un avion de ligne au large des côtes américaines, des années après, découverte vite camouflée par les autorités, rouvre la blessure: le narrateur reprend sa quête, tentant de démêler le faux du vrai dans les thèses officielles sans jamais tomber dans les délires complotistes.
L’auteur non plus, qui s’en explique avec clarté dans sa postface. Située dans un futur proche, l’histoire se termine en 2024 avec l’élection du 47e président des États-Unis. Le monde a changé, l’Écosse où vit le personnage principal, est devenue indépendante. La croissance exponentielle des réseaux sociaux, a modifié notre rapport au réel, au passé, et la vérité devient dangereusement alternative.
Né en 1943, au Royaume-Uni, auteur du classique "Monde inverti", et, avec Christopher Nolan du film "Le Prestige", Priest était un des plus grands auteurs de SF d’aujourd’hui. Comme chez Dick, la fiction chez lui, s’attache à mettre en évidence les failles de notre perception. Une œuvre exigeante, parfois déroutante, un formidable décodeur en tout cas des angoisses ou des fantasmes de notre époque troublée.
Conséquences d’une disparition - Christopher Priest - Traduit de l’anglais par Jacques Collin - Lunes d’encre/Denoël - 335 pages – 21,50€ - *****
François Rahier – Sud-Ouest-dimanche – 30 septembre 2018Lire aussi dans Sud-Ouest