Léa Ribaucourt, lieutenant de police à Mâcon, vit une histoire compliquée avec Gustave Bastogne, un juge de Dijon. La mère du juge, très envahissante et mondaine, ne se satisfait pas de cette relation avec une petite "fliquette" de province. Avec Aurel, son coéquipier en phase de divorce, elle enquête sur l'assassinat d'un jeune homme près d'un camp de Roms qui facilite la désignation d'un coupable idéal.
Alfred Lenglet (encore un policier qui troque le Sig contre le Bic) dispose habilement les éléments de procédure pour approcher par petites touches la vérité de l'investigation. Les interrogatoires trahissent une parfaite connaissance de l'exercice mais Léa reste le point fort du roman. L'emprise négative de la mère de Bastogne installe un climat crépusculaire dans cette relation pourtant naissante. Léa est la seule à en percevoir les limites.
Par son côté "girl next door", mélange de compétence et d'humanisme, elle est le médium idéal entre le lecteur et la réalité de l'enquête. Elle ne cherche surtout pas à ressembler aux flics de "romans noirs, seuls, cabossés par la vie, l'alcool et la cigarette". Quand elle rentre à la maison, elle se plonge dans "Les Croix de bois" de Roland Dorgelès et autour d'elle, les équipiers ont l'épaisseur nécessaire pour que le roman l'emporte sur le fait-divers.
Un dernier conseil, un vin à découvrir peut-être en s'abandonnant au plaisir de la lecture. Un Saint-Véran, par exemple, "rond, tendre et doré" comme un coucher de soleil en bords de Saône.
Jeux mortels en hiver – Alfred Lenglet – Calmann-Lévy – 288 pages – 19€ - ***
Lionel Germain