Ça commence par une promesse. Promesse de ne pas franchir le seuil de certaines pièces dans Barbe-Bleue. Le thriller en général, et celui de B.A. Paris en particulier, fonctionne sur ce principe du conte: une promesse qu'on ne tiendra pas au risque de voir s'effondrer les certitudes sur lesquelles on a tiré sa ligne de vie. Cassandra, l'héroïne de ce roman, est une femme heureuse mariée depuis un an à Matthew, l'homme le plus charmant du monde.
L'orage scande les premières mesures du cauchemar un soir de juillet passé chez des amis où elle rompt la promesse faite à Matthew de ne pas traverser la forêt pour regagner leur domicile. La pluie battante et la ronde brutale des camions sur la quatre voies la persuadent de couper par les bois. Mais la forêt profonde n'est pas qu'un paysage. Le vent, les éclairs, la foudre, sont les accessoires d'un "gothique" annonciateur des plus grands désordres.
Dans la forêt profonde, Cassandra aperçoit une femme terrifiée dans une voiture arrêtée au bord du chemin. Sa propre terreur lui interdit le geste solidaire et elle abandonne la naufragée à son mauvais sort. La police retrouve la naufragée assassinée, une amie que Cassandra n'a pas reconnue, et une série de symptômes lui confirme peu à peu qu'elle pourrait bien être victime d'une démence précoce.
C'est la que ça se gâte. Si le "noir" du roman noir s'adresse aux adultes condamnés au désenchantement, l'obscurité de la forêt profonde dans laquelle Cassandra s'égare, est un flou passager. Écrit avec le pied gauche, le délicieux frisson de B.A. Paris s'épuise alors dans l'évocation laborieuse de Mary Higgins Clark.
Défaillances – B.A. Paris – Traduit de l'anglais par Vincent Guilluy – Hugo Thriller – 400 pages – 19,95€ - **
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 14 janvier 2018