Longtemps journaliste judiciaire, Hidéo Yokoyama a obtenu dès son premier roman Le prix Matsumoto Seicho, l'équivalent japonais du Grand prix de Littérature policière. En 2016, son sixième roman "Six Quatre" est nominé pour le Gold Dagger Award anglais. Publié aujourd'hui par Liana Levi, le tirage international a déjà dépassé le million d'exemplaires.
Six Quatre, ce sont les chiffres qui symbolisent la 64ème année du règne de l'empereur Shôwa. Dans le jargon policier, c'est aussi la date à laquelle une petite fille de 7 ans a été enlevée et assassinée. Quatorze ans plus tard, ce crime non résolu empoisonne la fonction périlleuse du commissaire Mikami en charge des relations publiques d'un département régional de police judiciaire.
Alors que son couple se délite après la disparition inquiétante de sa propre fille, Mikami interroge sa fidélité à une institution dont toute la chaîne hiérarchique semble étrangement compromise et où l'incompétence le dispute à la corruption.
C'est à travers les calculs et complots permanents des responsables de la police, un tableau de la société japonaise brossé avec une puissance et une précision clinique assez comparables à l'entreprise de James Ellroy concernant Los Angeles. Quand les courbettes à l'équerre et les marques de respect sont les boucliers qui protègent de la violence des rapports sociaux, la vérité vaut moins que le mensonge pour échapper au déshonneur.
Six Quatre – Hidéo Yokoyama – Traduit du japonais par Jacques Lalloz – Liana Levi – 616 pages – 23€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche - 17 décembre 2017