Quand ils arrivent dans le petit village du pays de l'Ariégeois où un de leurs ancêtres a été accusé puis exécuté pour un meurtre, les héros de "Sanctus" de Michel Quint pensent qu'ils ont le monde à réinventer. Le couple Baudouin et Clotilde et leur ami Ferdinand fouillent patiemment dans les archives du presbytère et de la mairie pour renouer les fils d'une enquête confuse et tenter d'apporter la preuve de l'innocence d'Odilon.
Seulement voilà, qui croire de l'abbé Dotin ou de l'instituteur-secrétaire de mairie qui proposent tous deux une version contradictoire de ces événements survenus au XIXème siècle? Et qu'en est-il de ce cadavre d'enfant découvert sur les fonts baptismaux en ce 12 novembre, jour de leur arrivée au village? En manipulant les correspondances entre le présent et le passé, en laissant entendre que ce qui est écrit ne conduit à aucune autre vérité que celle du texte, Michel Quint consommait sa rupture avec les parodies du réel. "On veut savoir pourquoi on vit", tout simplement.
Ni révélation divine ni déduction triomphante, pour se délivrer du péché originel, l'auteur joue avec les "Cornues du chaos", un déploiement de signes sans rapport avec cette quête de la justice qui œuvre encore au noir.
Sanctus – Michel Quint – Terrain Vague (1990) – 211 pages – 5 à 17€ occasion, librairies en ligne - ***
Lionel Germain – d'après un article publié dans Sud-Ouest-dimanche en 1990