Danielle Thiéry n'est pas tendre avec son héroïne, la commissaire Edwige Marion. Elle lui a collé une balle dans la tête au cours d'une de ses précédentes aventures comme si elle hésitait à en finir, angoissée par la récurrence d'un personnage dont elle n'avait sans doute pas prévu le succès. Apparue en 1996 dans "Le sang des bourreaux", Edwige Marion aura beaucoup donné d'elle-même et prouvé qu'elle avait la peau dure.
La revoilà, ébranlée mais vivante, victime d'hallucinations et fragilisée dans sa vie sociale par les effets d'une sexualité incontrôlable. Alors que ses collègues enquêtent sur la disparition de Gabriel, un enfant de cinq ans, Marion, convalescente, explore les "cold cases" en attendant une hypothétique réintégration pleine et entière à la "crim".
Roman après roman, Danielle Thiéry peaufine son talent d'écrivain. A l'arrêt sur image qui caractérise l'enquêteur fictif du polar, elle oppose la vérité du travail de police judiciaire et le sentiment implacable qu'une affaire en chasse une autre, transformant l'institution en tonneau des danaïdes.
L'enquête sur la disparition de Gabriel est aussi l'occasion d'un long flashback sur le personnage d'une femme, traumatisée par l'assassinat de ses parents et confiée ensuite aux services sociaux. Une histoire d'enfance blessée appréhendée avec justesse et qui n'est pas sans rappeler l'univers d'Elizabeth George.
Échanges – Danielle Thiéry – Versilio – 312 pages – 19€
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 20 juillet 2014