Le héros du roman de R.J. Ellory est un agent fédéral, Travis, envoyé à Seneca Falls, une petite ville du Midwest où sous le carrousel d'un cirque ambulant a été découvert le corps étrangement tatoué d'un homme non identifié. On est en 1958 et si Travis croit à la matérialité du monde, il en cherche aussi la substance invisible, l'au-delà d'une "réalité physique de la scène de crime". Mais à défaut de retrouver "l'homme nu" sous les costumes et les postures de cette confrérie circassienne composée de "freaks" énigmatiques, c'est parfois son propre personnage que Travis poursuit et comprend le moins.
Après "Le jour où Kennedy n'est pas mort", l'uchronie grâce à laquelle il revisitait la présidence de John Fitzgerald Kennedy, Ellory remonte aux années troubles de la gouvernance du FBI. Et une fois de plus, il captive par son sens de l'observation, par la vérité de ce héros bardé de blessures secrètes que la narration révèle peu à peu sans négliger le contexte historique: une période encore proche de la guerre pendant laquelle l'obsession complotiste est à son comble.
Lionel Germain
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