Le rêve n'est sans doute qu'une rupture dans l'enchaînement des routines, une pause pendant laquelle le principe de plaisir cherche à imposer sa loi au réel. Le narrateur de Charly Delwart s'appelle Thomas. À la veille de la quarantaine, ce producteur cède à la pensée magique de l'enfance. Il rêve qu'il est nain dans un monde plus vaste qui apaise sa peur de l'anéantissement.
Comme un enfant, il fait du rêve un territoire de ce réel que les adultes ont mutilé. Mais ce que le Grand Lézard ne peut réussir dans sa quête d'une mue, c'est coloniser l'imaginaire de sa femme Alice. C'est dans son regard à elle que le lecteur mesure le partage impossible du refus de grandir. Charly Delwart explore avec beaucoup d'humour la contingence de la condition humaine.
Le grand lézard – Charly Delwart – Flammarion – 240 pages – 19€ - ***
Lionel Germain