C'est un personnage comme on les aime aujourd'hui: fort à l'extérieur mais tellement vulnérable qu'un coucher de soleil sur les contreforts des Bighorn Mountains suffit à le faire pleurer. Alors qu'on se meurt d'asthénie dans des villes surpeuplées, ce héros-là coiffe son Stetson et dévore les grands espaces du Wyoming. Il s'appelle Walt Longmire. Il a roulé sa bosse, encaissé pas mal de coups avec son pote, l'Indien Henry Standing Bear, et la mort d'une petite vieille dans la maison de retraite va les remettre en selle rapidement.
La femme assassinée, Mari Barioja, était une Basque. Jamais oublieux de leurs montagnes pyrénéennes, les Basques ont fondé des colonies en Amérique latine et notamment au Mexique avant de reprendre le chemin du nord et de s'inscrire dans le flux traditionnel des migrations économiques. L'occasion pour Walt Longmire de découvrir une nouvelle civilisation dans laquelle les hommes sont ombrageux.
L'ancien shérif qui a formé Walt et partageait la maison de retraite avec Mari Barioja se souvient encore de la dérouillée infligée par les oncles de la belle pour un mariage qui ne leur convenait pas.
L'enquête se resserre bien-sûr autour de la disparition d'un premier mari violent et d'un héritage convoité. Non content de nous donner un grand bol d'oxygène, Craig Johnson s'applique à raconter des histoires de tribus. Cheyennes, Crows, Basques mais aussi électives. Des tribus de gens qui partagent la même vision du monde en cinémascope. Avec un cœur gros comme ça.
Le camp des morts – Craig Johnson – Traduit de l'américain par Sophie Aslanides – Gallmeister Totem – 376 pages – 10,20€ - Réédition Points Seuil - 406 pages - 7,95€ ***
Lionel Germain - Sud-Ouest-dimanche - juillet 2012