Le polar du Nord n'en finit pas de séduire le lectorat français. On y trouve une qualité littéraire et une diversité d'inspiration souvent rassurante. Non, la Scandinavie n'est pas le territoire idyllique qui nous renverrait à l'enfer de nos cités barbares. La blondeur des portraits fantasmés dissimule avec une intensité comparable la noirceur largement partagée sous toutes les latitudes.
La première chose qui frappe à la lecture de Michael Katz Krefeld, c'est le style importé des meilleures séries télé nordiques. Avant ce cinquième roman, le Danois s'est illustré comme scénariste et on retrouve la syntaxe du genre dans sa façon d'appâter le lecteur avec un prologue nerveux et des séquences très visuelles.
De la casse automobile de Stockholm dans laquelle on découvre le cadavre d'une jeune femme remaquillée en statue d'albâtre, jusqu'à l'arrière-boutique d'un Serbe où se décide l'avenir d'une jeune prostituée lituanienne, le suspense tient toutes ses promesses.
Thomas Ravnsholdt, dit "Rav", est un ex-flic alcoolique qui va devoir suer sa bibine pour retrouver son savoir faire. On pense à Lawrence Block et à Scudder, son privé poivrot à la recherche d'une rédemption dans les églises. "Rav" vit avec un chien dans un rafiot ancré sur le canal de Copenhague.
Mais que serait un bon thriller nordique sans un psychopathe gratiné. Celui de Katz Krefeld manie scalpel et bistouri. Taxidermiste accompli, il mène le bal de l'horreur en arrière-plan d'une intrigue vagabonde. Danemark et Suède sont les terrains de jeux des mafias venues de l'Est et en terre scandinave, apparemment, la viande froide se porte bien.
La peau des anges – Michael Katz Krefeld – Traduit du danois par Frédéric Fourreau – Actes Sud – 400 pages – 23€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 2 avril 2017