Disparu en juin 2013, l’écrivain écossais Iain Banks aura marqué la SF des trente dernières années avec son "cycle de la Culture", une vision libertaire du futur. Humains, extraterrestres, drones (robots intelligents) ou mentaux (intelligences artificielles), ils forment un club très sélect de 18 trillions de "personnes".
Ils sont apparus depuis si longtemps dans la Galaxie qu’ils sont presque des dieux. Du moins le croient-ils. Ils connaissent l’abondance, ont oublié le labeur quotidien qui forgea les hommes, goûtent le pur savoir, et le plaisir subtil de changer de sexe un peu à leur gré. Hédonistes, tolérants, anarchistes, ils se sont faits les gardiens bienveillants de myriades de mondes qui progressent chacun à leur rythme.
Ainsi dans ce dernier roman, une civilisation, une fois atteint un très haut niveau de développement, choisit-elle de disparaître: c’est la Sublimation, l’accès collectif à une stase supérieure de l’être, dont nul n’est revenu pour en dire quelque chose d’intelligible. Est-ce en rapport avec l’infinité de possibles qu’ouvre la théorie des cordes, ou bien une forme de transcendance? Qui sait?
L’auteur relève encore une fois le défi des formes de vie les plus déconcertantes, en même temps qu’il propose une méditation ironique sur ce clash des civilisations qui tourmente notre postmodernité, et rêve d’une virtuose alien jouant avec ses quatre bras d’un étrange instrument. Auteur aussi de polars, de récits réalistes, engagé politiquement, Banks militait pour l’indépendance de l’Écosse.
La Sonate hydrogène - Iain M. Banks – Traduit de l’anglais par Patrick Dusoulier - Ailleurs & Demain, Robert Laffont – 537 pages – 24€ - ***
François Rahier – Sud-Ouest-dimanche – 10novembre 2013