Diplômée de biologie à l'université de Copenhague, Sissel-Jo Gazan a passé deux ans avec les chercheurs danois en Guinée-Bissau pour découvrir les effets secondaires dévastateurs de certains vaccins. Mais "Le Graphique de l'hirondelle" est avant tout un roman passionnant pour décrypter la réalité sociale danoise à travers deux personnages.
Soren, jeune superintendant de la division criminelle, vit une relation complexe avec sa compagne. Il est sous le charme de Lily, la petite fille de cinq ans dont il jalouse le père biologique. Avec son sens du "détricotage", une méthode qu'on enseigne désormais dans les écoles de police, il va chercher à comprendre l'étrange "suicide" du professeur Storm, survenu après ses observations sur un doublement de la mortalité des enfants vaccinés au DTP (Diphtérie, tétanos, poliomyélite).
Marie, collaboratrice du professeur Storm, est convaincue comme lui que la mort d'un enfant danois après une vaccination ferait la une de tous les journaux alors que l'OMS refuse de réagir au décès en nombre des enfants de Guinée-Bissau. La jeune femme appartient aux classes moyennes, traversées par la peur permanente de disparaître dans le maelstrom communautaire.
Cette peur est physiquement représentée par le déclin du père et de la mère, par l'effacement du mari dans un conformisme sans âme, et par la survenue d'une tumeur, cette menace qu'on pense étrangère à soi et qui vous dévore de l'intérieur. Soren et Marie se retrouveront pour mener une réflexion et un combat dont les enjeux dépassent largement les frontières du Danemark. Un très bon roman noir.
Le graphique de l'hirondelle – Sissel-Jo Gazan – Traduit du danois par Nils C. Ahl – Mercure noir – 540 pages – 25€ - ***
Lionel Germain – Sud-Ouest-dimanche – 8 novembre 2015