Toute la détresse américaine est résumée dans le constat de ce jeune vétéran de retour du "Poubellistan". "Il avait subi trois opérations pour retirer tous les éclats qui décoraient son dos. Mais les premières paroles de son père, au cours d'un coup de téléphone, avaient été: "Vous avez eu ce salopard?" Donnie avait été obligé de répondre: "Non". Ce n'était pas le Vietnam là-bas. Ces gens n'avaient pas vraiment d'objectif, à part se faire exploser pour monter au ciel et baiser soixante-douze vierges aux yeux noirs."
Reconverti dans le trafic d'armes, Donnie est le fils de Luther Varner, un des "notables" de Tibbeha, dans le sud du Mississippi. C'est aussi la patrie de l'ex-ranger Quinn Colson, nouveau shérif qu'on retrouve avec plaisir après Retour à Jéricho.
Le récit d'une petite fête en l'honneur des "notables" en question donne un aperçu du système américain à l'aune duquel on prétend parfois mesurer nos propres ambitions démocratiques. La laïcité y est bien-sûr une denrée introuvable.
Tout s'organise en invoquant la Bible, et le système électif assure une rente à tous ceux qui confondent les bulletins de vote et les dollars de l'Oncle Sam.
Les cris du Mississippi – Ace Atkins – Traduit de l'américain par Jean Esch – Le Masque – 339 pages – 22€ - ***
Lionel Germain